Par Anas Yassine (Doctorant en Sciences de Gestion, Laboratoire Management, Systèmes Financiers et Gestion des Risques (MSFGR) Université Hassan II – Casablanca- Maroc) et Abdelmadjid Ibenrissoul (Professeur de l’enseignement supérieur, Laboratoire Ingénierie Scientifique des Organisations (ISO) Université Hassan II – Casablanca- Maroc)
https://EconPapers.repec.org/RePEc:hal:wpaper:hal-01683225
Policy brief :
La réglementation bancaire marocaine a connu des évolutions sensibles, qui ont impacté les banques de façon systématique. Le secteur bancaire marocain ne présentant aucune particularité quant à l’assimilation de ces mutations qui s’inscrivent dans un souci de rénovation et d’adaptation à un environnement et à des conditions de fonctionnement connaissant de profondes mutations. La crise des subprimes (2008) nous a bien rappelé l’importance d’une supervision efficace du système bancaire par les autorités de supervision et de régulation. D’autant plus que l’année 2008 a été marquée, sur le plan international, par l’amplification de cette crise financière qui est née de l’effondrement du marché américain des prêts hypothécaires à risque. Ses effets se sont rapidement propagés à l’économie réelle à l’échelle mondiale. Plusieurs pays développés sont entrés en récession, alors que le rythme de croissance des pays émergents a sensiblement ralenti.
Dans ce contexte, La faillite de certaines institutions financières d’envergure systémique a ébranlé la confiance des opérateurs des marchés financiers, contribuant, par là même, à la montée de l’aversion au risque et à la très nette perturbation des mécanismes des marchés de crédit. Face à ces évolutions, les banques centrales et les autorités de supervision financière se sont activées pour circonscrire les incidences de ces turbulences et en limiter la propagation en s’appuyant sur le risque de crédit qui compte parmi les plus anciens et les plus graves risques inhérents au cœur des métiers bancaires.
Aujourd’hui on peut se permettre de dire que les banques marocaines sont bien contrôlées et bien gérées, tout danger de faillites étant écarté grâce à une réglementation soigneusement élaborée et au déploiement des dispositifs de gestion des risques financiers. Face aux restrictions réglementaires rigoureuses auxquelles les banques se trouvent confrontées, dans quelle mesure peut-on-dire que la question du risque de défaut de paiement peut-elle être réglée ?
Pour apporter les éléments de réponse nécessaires à cette question qui se pose avec une acuité particulière, nous avons réalisé une étude empirique en vue de déterminer les facteurs de risques macroéconomiques susceptibles d’impacter la solvabilité des emprunteurs et accroitre leurs taux de défaut.
Les résultats obtenus montrent que l’accroissement du PIB contribue à la réduction des taux de défaut des clients de la banque. Cela s’expliquer sans aucun doute par le fait que pendant les périodes d’expansion économique, les revenus des ménages et les profits des entreprises s’améliorent et, par voie de conséquence, les clients se montrent plus solvable. Dans le même ordre d’idée, notre analyse montre également que le taux d’intérêt peut être appréhendé comme un facteur explicatif de l’aggravation des taux de défaut. En effet, une augmentation brutale des taux d’intérêts pourrait fragiliser la situation financière des emprunteurs dont les crédits sont contractés à taux variable. En outre, notre modèle prédictif du taux de défaut évoque une relation positive entre la variable endogène (taux de défaut) et le taux de change USD/MAD. Cela dit, qu’une dépréciation du dirham marocain par rapport au dollar américain peut alourdir la balance commerciale du pays, car les prix des biens et services importés vont s’envoler naturellement en monnaie locale ce qui n’est pas sans provoquer une baisse du pouvoir d’achat du consommateur marocain.
Il est maintenant clair que la dégradation de conjoncture économique est au cœur de la problématique de la défaillance des emprunteurs. De ce fait, les banques doivent surveillerd’une façon active les évolutions des facteurs de risques macroéconomiques en intégrant les stress tests dans leurs dispositifs de gestion des risques afin de s’assurer qu’elles resteraient résilientes en cas de choc macroéconomique sortant de l’ordinaire.
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